Aller au contenu

Page:Lumbroso - Souvenirs sur Maupassant, 1905.djvu/148

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gien en chef de l’Hôtel-Dieu de Rouen, et sa femme, amie d’enfance de Mme Le Poittevin, se réjouissaient de l’intimité des enfants, dont ils tiraient un double bénéfice ; les filles évitaient la coquetterie, les garçons ne devenaient point batailleurs ou grossiers.

« Laure, chez les Flaubert, fut, dès l’enfance, familiarisée avec la maladie et la mort, et sa sensibilité s’en augmenta. Nul ne fut plus pitoyable qu’elle pour les souffrants. Son frère Alfred, de cinq ans son aîné, devenu son professeur, lui donna une culture intellectuelle raffinée, toute jeune la familiarisa avec les classiques, lui apprit l’anglais assez parfaitement pour qu’elle lût Shakespeare dans le texte.

« Très belle, très riche, elle avait été souvent recherchée en mariage. À vingt-quatre ans elle se décida à accepter la demande de Gustave de Maupassant qui descendait d’une ancienne famille lorraine installée en France au moment du mariage de Marie Leczinska ; l’ancêtre portait le titre de marquis, titre à brevet que les descendants ne conservèrent point, malgré que leurs armes fussent surmontées d’une couronne.

« Gustave de Maupassant était très séduisant, Laure Le Poittevin d’une grande beauté et ce fut un mariage d’amour. Mais ces deux êtres n’étaient point faits pour se comprendre, la jeune femme d’âme grave et loyale, le mari voilant sous des dehors charmants sa médiocrité intellectuelle et sa faiblesse de caractère qui l’entraînaient d’aventures en aventures.