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Page:Lumbroso - Souvenirs sur Maupassant, 1905.djvu/191

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une bibliothèque, la mère a placé les reliques de son fils, les livres que sa main a touchés, les menus objets qu’il avait sur son bureau et enfin ses propres œuvres reliées en maroquin. Elle me désigne toutes ces choses du bout du doigt : « Je ne puis me tenir longtemps debout, mon pauvre cœur me donne des suffocations ». Je me confonds encore en excuses. Elle sourit d’un sourire navré, d’où toute joie est absente, elle reprend avec bonté en m’indiquant un siège :

— Mettez-vous là, et parlons de lui...

Je souhaitais obtenir de Mme de Maupassant des détails sur l’enfance du romancier, sur son développement intellectuel. Il y a profit à connaître dans quelles conditions s’est formé l’esprit des hommes célèbres, et les premières influences qu’ils ont subies.

— Je puis d’autant mieux vous renseigner à ce sujet que Guy a été élevé auprès de moi et qu’il ne m’a quittée qu’à treize ans pour entrer au collège[1].

    lume ; c’est le dernier qu’on ait de lui. Il est très beau, très ressemblant. Le lecteur jugera sans doute comme nous, que le portrait ne justifie pas ce que dit M. Brisson : « la figure maigrit, l’œil devient fiévreux... ». Il est vrai que, quelques années avant, Guy de Maupassant était doué d’une musculature exceptionnelle et que dans les portraits d’alors la force nuit un peu à l’élégance. [A. L.].

  1. M. Balestre m’écrit à ce propos, le 27 août 1901 : « Jusqu’à l’âge de treize ans, Guy a été uniquement élevé par sa mère. Il n’a jamais eu de gouvernante. Il était bon latiniste, mais il ne possédait aucune langue