Page:Lumbroso - Souvenirs sur Maupassant, 1905.djvu/271

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impression. À maintes reprises, les bravos viennent interrompre l’éminent critique, et ce sont de chaudes acclamations qui accueillent ses dernières paroles.

Mlle Moreno.

L’éloquence fait un istant place à la musique : on entend avec plaisir le menuet de la Megère apprivoisée, de Fr. Le Rey, qu’exécute très délicatement la musique du 24e de ligne, puis tous les regards se tournent vers la tribune, au bord de laquelle vient de s’avancer Mlle Moreno, de la Comédie-Française.

La délicieuse artiste dit successivement trois pièces de Maupassant, l’Oiseleur, Découverte, les Oies sauvages.

Avec ces belles attitudes, cette voix merveilleuse qu’admirent tous ceux qui l’ont entendue, soit à la Comédie-Française, soit au Théâtre-des-Arts — où elle vint, en 1899, déclamer, en l’honneur de Maupassant, avec son camarade Fenoux, la Nuit d’Octobre de Musset, — Mlle Moreno séduit rapidement l’assistance. Les beaux vers de Guy de Maupassant s’égrènent sous ses lèvres, tendres et légers dans l’Oiseleur, mélancoliques dans Découverte, larges et profondément empoignants dans les Oies sauvages. Les derniers vers de cette dernière pièce sont dits avec un tel art, que le public, absolument emballé, éclate en bravos répétés, en applaudissements frénétiques ; pour un peu on crierait bis ; on acclame la belle artiste, et les applaudissements redoublent lorsque M. Le Breton lui remet, au nom du Comité, une superbe gerbe de fleurs.