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Page:Lumbroso - Souvenirs sur Maupassant, 1905.djvu/304

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Pinchon s’est appelé la Toque, c’est que dans la préface de son théâtre, préface point secrète, puisqu’elle est insérée en tête d’un volume publié à Rouen en 1894, il n’a point dissimulé l’état civil nouveau que lui avaient créé l’amitié et sa belle humeur.

« Et quelle vie gaie, avec les camarades », écrit-il en citant une phrase de Maupassant. « Nous étions cinq, une bande, aujourd’hui des hommes graves ; et comme nous étions tous très pauvres, nous avions fondé, dans une affreuse gargote d’Argenteuil, une colonie inexprimable qui ne possédait qu’une chambre-dortoir où j’ai passé les plus folles soirées de mon existence ».

« Si l’aventure de Mouche », ajoute Robert Pinchon, « a été beaucoup exagérée pour les besoins du conteur, elle peut cependant donner une idée de "la vie gaie" dont il parle.

« Devenu un homme grave, j’ai gardé néanmoins le meilleur souvenir de ce temps heureux où, dans la bande, je portais le surnom de la Toque, quand Maupassant répondait à celui de Joseph Prunier.

« Maupassant, même malade et déjà défaillant de mémoire, pourtant n’oublia jamais son cher la Toque, et c’est comme un brevet de survivance qu’il lui décerne, quand il lui écrit, au milieu de ses souffrances :

Mon cher la Toque,

Peux-tu me rendre les services suivants : me trouver dans un bon hôtel de Rouen, une bonne chambre au soleil avec une bonne cheminée. J’arriverai vendredi soir. Je vais assister à la première