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Page:Lumbroso - Souvenirs sur Maupassant, 1905.djvu/73

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J’allais me sauver je ne sais où, vers le soleil, très hésitant, quand je reçus une lettre de Taine me[1] me conseillant fort l’Établissement rival de Divonne : Champel, à dix minutes de Genève. Il y fut guéri l’an dernier en 40 jours[2] d’une maladie toute pareille à la mienne - impossibilité de lire, d’écrire, de tout travail de la mémoire. Il se crut perdu. Il fut guéri en 40 jours. Mais il revint cette année juste à temps[3].

Le poète Darchoin [Dorchain !] y est en ce moment avec les mêmes accidents que moi. Il a retrouvé le sommeil, rien que ça. Parbleu c’est tout, ça !

Cazalis m’a donné rendez-vous à Genève. Il m’a trouvé si bonne mine, l’air si fort, qu’il s’est écrié : « Vous êtes guéri ».

Je lui ai dit toutes mes misères nouvelles. Il a répondu un un [sic] mot très sage[4] :

  1. Ce mot, qui est au bas de la première page, est répété au commencement de la seconde. Mais cela arrive souvent et à tout le monde.
  2. Maupassant avait d’abord écrit 25 ; puis il corrigea : 40 ou 20. Je lis plutôt 40.
  3. Madame Hippolyte Taine née Denuelle m’écrit en effet, de Menthon-Saint-Bernard, le 27 octobre 1903 :

    « Monsieur Taine est allé à Champel pendant plusieurs années consécutives, de 1888 à 1892 ; il y faisait surtout une cure de repos et prenait les douches comme reconstituant, sa santé ayant été très éprouvée par l’excès du travail ».

  4. Les mots Il a répondu un ajoutés en relisant la lettre. En écrivant, il sautait des bribes des phrases qu’il voulait mettre sur le papier.