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Page:Lumbroso - Souvenirs sur Maupassant, 1905.djvu/76

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Maupassant parle, dans cette lettre, de Taine et d’Auguste Dorchain.

Je grouperai plus loin les renseignements que j’ai pu recueillir sur les relations de Maupassant avec

    femmes se promènent, lentes et gracieuses. On dirait telle soirée florentine digne d’être peinte par Gabriele d’Annunzio. Contre la porcelaine des grands globes électriques, les phalènes et les noctuelles viennent lourdement se heurter ; sur la pelouse, dans les fauteuils de rotin, de jeunes hommes, de belles étrangères aux accents divers, des Françaises, des Russes, des Italiennes, tiennent un cercle rieur. Ferons-nous le rapprochement entre ces papillons attirés vers la lumière, et ces autres papillons en smoking et canotiers de paille qui, peut-être, eux aussi, sont en train de rôtir un peu le bout de leurs ailes sans qu’on s’en doute ? Non. Restons avec les philosophes, ceux qui, réfugiés dans une pénombre amie, berçant leur rêverie au bruit de la grondeuse rivière, l’Arve glacée que fait miroiter le clair de lune, laissent venir à eux par intervalles les musiques légères d’un petit orchestre italien installé là-bas, sous les balcons fleuris, dans la véranda sonore.

    « La nuit est splendide. On pourrait se croire dans le parc seigneurial d’une vieille demeure ; les balustrades blanches, à encorbellement, limitent les terrasses ; ici, un Neptune de marbre brandit son trident sur une vasque aujourd’hui muette, mais où l’eau doit chanter et jaillir aux soirs de gala ; plus loin, un bois montre sa lisière, ses allées qui s’enfoncent dans l’ombre, comme si elles devaient conduire dans les campagnes lointaines.

    « Qui se croirait aux portes d’une ville ? Qui supposerait que ce parc aristocratique, ces bois, ces statues, sont actuellement les appartenances d’une station balnéaire élégante, très connue à l’étranger, en Allemagne,