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Page:Lumbroso - Souvenirs sur Maupassant, 1905.djvu/87

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la représentaient officieusement, car il n’aurait pas manqué d’en être, s’il eût vécu un peu davantage[1] ; mais ils représentaient encore autre chose : la Nor- mandie.

« Le grand historien de l’Europe et la Révolution française, - un des livres capitaux de ce temps, - est un Normand de Honfleur. À sa taille, à sa carrure, à la couleur de ses yeux, qui lui donnent un air de famille avec Flaubert et Maupassant lui-même, on reconnaît le type de ces Vikings dont les premières barques, vers le neuvième siècle, apparurent dans l’estuaire de la Seine. Et, à l’amour de la grande patrie, il joint l’amour passionné de la petite, selon le conseil qu’Henry Fouquier, se souvenant de sa Provence natale, donnera si éloquemment tout à l’heure en son discours. C’est Albert Sorel qui, l’année dernière, au Théâtre des Arts, par une admirable conférence sur Maupassant et l’âme normande, a fait affluer les souscriptions et rendu possible la présente fête. Et personne plus que lui n’est dévot de Corneille. Dans son livre sur Montesquieu, il le cite à plusieurs reprises ; et il ne faudrait pas le pousser bien loin pour lui faire avouer que la philosophie

  1. Quand Ludovic Halévy lui dit de poser sa candidature à l’Académie, où les Immortels ne pouvaient sans doute que l’accueillir triomphalement, Maupassant refusa :

    Non, ce n’est pas pour moi... Plus tard, qui sait ! Mais à présent je veux être libre.

    C’est sans doute d’Halévy lui-même que Diego Angeli tient ce propos, qu’il a publié en 1895 dans son bel article Il cimitero di Maupassant. [A. L.]