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L’ÉGLISE DE VILLAGE

L’admirable auteur du vrai Génie du Christianisme — je veux dire Maurice Barrès — va sans doute trouver un redoublement d’écho pour son appel en faveur des églises de village ; c’est, en effet, le moment où reprennent contact avec le leur, beaucoup d’entre nous. Et à ceux mêmes qui ne passeront pas leurs vacances dans les lieux où ils ont grandi, les réminiscences de la saison feront revivre le temps où ils allaient se reposer chaque année au pied de leur église. On reconnaissait de bien loin le clocher de la nôtre, inscrivant à l’horizon sa figure inoubliable. Quand mon père, du train qui nous amenait de Paris, l’apercevait qui filait tour à tour sur tous les sillons du ciel, faisant courir en tous sens son petit coq de fer, il nous disait : « Préparez vos couvertures, nous allons bientôt arriver. » Et dans une des plus grandes promenades que nous faisions autour de la petite ville, à un endroit où la route resserrée débouche sur un immense plateau, il nous montrait au loin la fine