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UN SALON HISTORIQUE
LE SALON DE S. A. I. LA PRINCESSE MATHILDE

Un jour que le prince Louis-Napoléon, aujourd’hui général dans l’armée russe, exprimait pour la centième fois devant quelques intimes, dans le salon de la rue de Berri, son désir d’entrer dans l’armée, sa tante, la princesse Mathilde, chagrinée par cette vocation qui devait lui enlever le plus tendrement aimé de ses neveux, s’écria en s’adressant aux personnes présentes :

— Croyez-vous, quelle obstination ! Mais malheureux, ce n’est pas une raison parce que tu as eu un militaire dans ta famille !…

« Avoir eu un militaire dans sa famille ! » On avouera qu’il est difficile de rappeler avec moins d’emphase sa parenté avec Napoléon Ier.

Le trait le plus frappant de la physionomie morale de la princesse Mathilde est peut-être, en effet, la simplicité avec laquelle elle parle de tout ce qui touche à la naissance et au rang.

— La Révolution française ! lui ai-je entendu dire