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Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/108

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les forçats du mariage

chantement, de joie profonde et complète. Robert lui-même, le sceptique, l’impétueux, l’inconstant Robert ne s’ennuya pas un moment. Il aimait sa femme. Ce n’était plus seulement cet amour de l’imagination et des sens ; son cœur était pris. Quand il lui jurait qu’il n’avait jamais aimé qu’elle, il disait presque vrai. Comment eût-il résisté à la contagion d’une affection tout à la fois si naïve et si véhémente ?

Pendant ces huit jours, ils connurent tous ces enfantillages, toutes ces exagérations de sentiment, toutes ces folies de tendresse qu’inventent les amoureux passionnément épris. Si Robert était forcé de la quitter un moment pour une lettre à écrire, pour un ordre à donner, Marcelle éprouvait de véritables déchirements. Et si cette absence se prolongeait un peu, quelle inquiétude, quelle impatience, et, au retour, quelle joie !

— M’aimes-tu toujours ? As-tu pensé à moi ? Comme tu es resté longtemps ! J’ai cru que tu ne m’aimais plus, que je ne te reverrais jamais ; j’ai eu froid au cœur.

Un matin, Marcelle entra chez Robert tout oppressée. Ses magnifiques cheveux blonds s’échappaient en désordre d’un mignon bonnet que l’agitation de la nuit avait coquettement froissé ; ses petits pieds nus paraissaient aussi blancs que le cygne qui bordait ses pantoufles de satin rose. Sa longue robe de mousseline blanche, avec des