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Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/126

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les forçats du mariage

l’amour. Or, je te l’ai dit, le mariage tue l’amour, à moins que la femme ne déploie un art, une science infinis, un vrai génie pour le perpétuer.

» D’abord elle s’abstiendra de dire à son mari, comme tu le fais, ma pauvre Marcelle, qu’elle l’aime, ni même qu’elle ne l’aime pas. Elle s’ingéniera, au contraire, à l’entretenir à cet égard dans une salutaire incertitude ; car dès qu’un homme est sûr d’être aimé, sa fatuité, qui est généralement colossale, lui persuade que ses charmes seuls suffisent à entretenir l’amour. Alors cessent ces respects, ces soins délicats, ces attentions empressées qu’une femme doit toujours attendre de l’homme qu’elle aime.

» Elle évitera donc comme une maladresse irréparable ces transports, ces enivrements, ces extases de cœur, ces orgies de sentiment, ces débordements de tendresse, ces adorations extravagantes, enfin toutes ces imprudentes niaiseries qui constituent la lune de miel.

» Qui dit lune de miel dit essentiellement lune rousse : après l’excès, la réaction ; après l’enthousiasme, le dégoût.

» De même que les petits cadeaux entretiennent l’amitié, les petites scènes faites à propos entretiennent l’amour.

» Les grandes scènes de jalousie, de reproches, de larmes, comme celles que tu m’as racontées, sont des moyens violents qu’il faut réserver pour