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Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/133

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les forçats du mariage

te faudrait un freluquet. » Puis des mots que je n’oserais répéter.

— Hélas ! ma pauvre Lucette, dit Robert après un instant de réflexion, nous ne pouvons vous emmener, et paraître ainsi favoriser votre fuite. Ce serait très-grave. Votre mari, par la violence de son caractère, est un homme dangereux : il ne nous pardonnerait pas. Mais tenez, voici un billet de mille francs. Retournez chez vos parents, et plaidez en séparation.

À bout de courage, Lucette, cette fois, accepta.

Ils s’éloignèrent, chacun de leur côté.

Un homme alors fendit le fourré.

Il pouvait avoir quarante ans. Il était d’une haute stature. Son visage respirait une sorte d’énergie sauvage. Son œil sanglant regardait de côté comme celui des bêtes fauves.

Il ferma le poing avec rage, et l’élevant dans la direction de Robert, il lui adressa un geste de menace.

Il rentra sur les pas de Lucette, ferma la porte à clef.

Et les dents serrées, d’une voix terrible, étouffée par la colère :

— Ce papier, donne-moi ce papier, ou je te tue, infâme coquine !

Lucette comprit l’affreux dilemme de sa situation. Si elle ne montrait pas le papier, il croirait à une lettre d’amour ; si elle montrait le billet de banque, ce serait pis : il croirait à quelque honteux marché.

Comme elle résistait, opposant un mensonge ma-