Aller au contenu

Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/137

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
131
les forçats du mariage

dans ses bras. Il songeait au moyen de la revoir, de lui dire qu’il l’aimait ; puis son désir se heurtant à l’impossible, il lui semblait que son cerveau se brisait.

— Bah ! ce n’est qu’une crise, reprenait-il un peu plus calme. Cela passera. Demain le mouvement, la distraction du voyage… oui, c’est cela.

Il marchait dans sa chambre, remuait des papiers, des vêtements. Puis, tout à coup, le regard de Juliette lui revenait en mémoire. Il s’arrêtait. La torture du cœur faisait de nouveau jaillir des larmes de ses yeux.

Mais pourquoi l’aimait-il à présent ? N’avait-il pas préféré la fortune à l’amour de Juliette ? N’avait-il pas renoncé à elle presque sans douleur ?

L’obstacle, nous l’avons dit, les entraves irritantes, voilà ce qui attirait cet homme volontaire et blasé. Puis jamais Juliette ne lui avait paru aussi royalement, aussi voluptueusement belle. Il avait entendu le murmure d’admiration qu’avait soulevé son entrée dans l’église. Enfin, maintenant, elle appartenait à un autre ! Peut-être l’aimait-elle toujours.

Mais irait-il tromper Étienne, cet homme si bon, si loyal ? Tromperait-il aussi Marcelle qui l’aimait d’un amour si tendre !

Vainement la calme pensée du devoir vint-elle s’interposer au milieu de ce tumulte. Efféminé par