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Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/179

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les forçats du mariage

force, et lui dit, en accompagnant, ces mots d’un long et brûlant regard :

— À demain.

Et le lendemain Robert revint.

Marcelle attendait chaque jour sa délivrance.

Un soir, comme Robert se préparait à la quitter, elle le regarda avec une expression si douloureuse, si suppliante, qu’il s’arrêta et resta auprès d’elle. Alors les larmes la suffoquèrent. Elle n’aurait osé lui faire un reproche ni même lui adresser une prière. Elle sentait que la pensée de son mari était toujours loin d’elle.

Mais ce flot de larmes trahit si involontairement sa souffrance, que Robert en fut touché, car il était bon, et il avait pour elle une affection, une reconnaissance très-réelles. Il redevint tendre, et sut, par de gracieuses attentions, sécher ses larmes et endormir son chagrin.

Ce jour-là, il n’alla point chez les Moriceau.

Le lendemain, vers midi, Marcelle fut prise de légères douleurs. Néanmoins il sortit. Un véritable délire le poussait vers Juliette. Il connaissait ses impatiences. Il la savait capable, dans un moment de colère, de se jeter avec passion dans les bras de son mari.

Juliette en effet l’attendait. Brisée par l’attente, elle se tenait à demi couchée dans un petit salon qui conduisait à sa chambre.