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les forçats du mariage

— Mais, parle donc, tu m’inquiètes, tu m’effraies presque.

Il se mit à genoux, lui baisa les mains, et d’une voix timide, avec un regard qui demandait pardon, comme s’il était honteux de son aveu :

— Je suis jaloux, dit-il.

Juliette partit d’un éclat de rire nerveux, forcé, qui résonna douloureusement au cœur d’Étienne.

— Ne ris pas, ma chère femme, car c’est une horrible maladie.

— Et tu es jaloux de mon confesseur ? Eh bien ! si tu le veux, je n’irai plus à confesse.

— Tu ne m’as pas compris. Fais tout ce que tu croiras devoir faire ; seulement, je t’en supplie, ne t’absente pas aussi longtemps.

— Je te remercie ; car il m’eût été très-pénible de renoncer à mes pratiques religieuses. Pour te rassurer, je prendrai un vieux, vieux confesseur, le plus vieux des confesseurs.

Étienne se retira chez lui, sous prétexte de malaise. En effet, il était d’une pâleur verdâtre. Ses traits étaient altérés, ses yeux, enfoncés.

— Tu es malade ? s’écria Juliette.

— Non, seulement un peu de fatigue.

— Qu’as-tu donc tait ?

— Je t’ai attendue. Les émotions m’éprouvent beaucoup.

Juliette se jeta à son cou en pleurant.