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Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/220

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les forçats du mariage

En effet, depuis son enfance n’avait-elle pas vécu dans une perpétuelle contrainte ? Elle supportait impatiemment la sollicitude excessive de son mari, comme un despotisme, un esclavage de toutes les heures.

— J’y penserai, dit-il.

Juliette se promit d’insister pour le faire partir.


xxv


C’était un dimanche des derniers jours de mai. Il faisait beau. Tout Paris était aux champs. Jusqu’alors la saison très-pluvieuse avait retenu les oisifs voyageurs qui, chaque année, avides d’air pur et de locomotion, émigrent par groupes joyeux vers les villes d’eaux et les bains de mer. Les de Luz et les Moriceau n’avaient pas encore pris leur volée.

M. et Mme Rabourdet, installés à la campagne avec Marcelle, attendaient leurs invités dans un vaste salon Louis xv à pans coupés. Le plafond et les dessus de portes représentaient des pastorales de Watteau. Les boiseries sculptées, vert d’eau et or, offraient un gracieux fouillis de colombes et d’amours qui rappelaient l’art précieux de cette époque de décadence. C’était coquet et grandiose, voluptueux et royal.