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les forçats du mariage

— Sans les lire ?

— Pouvais-je paraître me défier de mon mari ? répondit Marcelle avec fierté.

— En affaires, mon enfant, il est admis qu’on doit toujours se défier.

— Je ne fais pas d’affaires avec mon mari.

— Cependant, s’il te priait de signer de nouveau, demande-lui la permission de me soumettre le papier.

— Mon père, je ne ferai jamais cela. Mon mari me dit : Signe. Je dois signer, les yeux fermés.

— Mais s’il te ruine ?

— Peu m’importe, je ne tiens pas à l’argent. Si nous étions pauvres, fit-elle à demi-voix, il serait plus à moi.

— Tu raisonnes en femme romanesque et non en mère de famille. Je suis loin de t’engager à contrôler les dépenses de ton mari : il a le droit d’employer, comme il l’entend, les revenus de la communauté ; mais je te défends formellement de le laisser entamer le capital. Tu m’entends ; je te le défends.

En cet instant, le domestique annonça Mme Dercourt, puis Pierre Fromont.

Marcelle emmena Cora dans sa chambre. Elle se jeta dans les bras de son amie, et lui conta sa conversation avec son père.

— Ce que je n’ai osé lui dire, ajouta-t-elle, c’est que Robert m’a priée tout à l’heure de l’ac-