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les forçats du mariage


XXVI


Pendant que Marcelle entretenait Cora des graves embarras de son intérieur, Robert, en attendant les Moriceau, entraînait dans le parc Pierre Fromont.

Au lieu de trouver à son ami l’aspect radieux d’un triomphateur, car il venait d’être décoré au dernier Salon, Robert fut surpris de lui voir une physionomie triste et abattue.

— Serait-il survenu un malheur dans ta famille ? lui demanda-t-il en appuyant sur ce dernier mot.

— Non, répliqua Pierre sèchement.

— Je gage que le sacrifice est consommé ! s’écria le comte avec un éclat de rire que répétèrent les échos du parc, et voilà la raison de ta mine piteuse. Avoue-le sans honte. Je me suis bien marié, moi ! Nous nous raconterons nos mutuelles infortunes. Je t’offre mes consolations. J’ai deviné, hein !

— Non, je ne suis pas marié.

— Pas encore ? Mais demain, dans huit jours ? Et tu viens m’annoncer le naufrage de tes beaux principes ?

— Jamais ! jamais ! jamais ! Annette me tourmente, c’est vrai ; elle s’acharne au conjungo. Qui donc peut lui avoir mis en tête ces idées aussi cornues que biscornues ? Nous étions heureux depuis