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Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/275

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les forçats du mariage

francs. Pour obtenir de l’argent comptant, il vendait 300,000 francs une propriété que M. Rabourdet avait payée le double, en croyant faire un excellent marché.

C’est ainsi que Robert entendait les affaires. N’attachant aucune valeur à l’argent, manquant absolument de prévoyance, comme tous les hommes de plaisir, il dissipait la fortune de sa femme et de son enfant avec autant de légèreté qu’il avait dissipé la sienne.

À cela, il ne pouvait rien, eût dit Pierre Fromont. La nature lui avait donné une main fine et molle, avec des doigts relevés dans le bout, ces doigts de prodigue qui ne peuvent retenir l’argent, qui même ont peine à le saisir. Vouloir inculquer la prévoyance, l’économie aux hommes qui ont ces mains-là, autant vaudrait enseigner la générosité aux avares qui, eux, ont tous, les doigts crochus !


XXIX


Étienne s’éveilla tard. C’était un de ces jours éclatants, pleins de lumière, un de ces jours qui donnent un vif sentiment de la réalité. Lorsque dans la première confusion du réveil, tous les souvenirs douloureux de la nuit se présentèrent à son