Aller au contenu

Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/283

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
277
les forçats du mariage

n’aie pas eu le privilège de naître dans les hautes classes de la société, toutes mes aspirations me portent vers elles. Je suis noble par le cœur, par l’élévation des sentiments, je m’en flatte. Croyez, madame, que vous ne vous abaissez pas trop en m’accordant votre… bienveillance. Dites-moi, je vous en supplie, que vous ne repoussez pas tout à fait mes offres de service. J’y mettrai une discrétion…

— Pour le moment, je vous l’ai dit, je les refuse.

— Pour l’avenir, alors ?

— Pour l’avenir, nous verrons. En tous cas, je n’entends point cacher à mon mari les services que vous me rendriez. C’est avec lui-même, monsieur, qu’il faudrait parler affaires ; car, pour moi, je n’y entends absolument rien.

— Eh bien ! c’est convenu. Mais de grâce, asseyez-vous, reprenez votre place, que je sois sûr que vous me rendez toute votre confiance.

Juliette se laissa retomber sur le divan avec une nonchalance presque provocante.

— Vous ne me parlerez plus d’affaires, n’est-ce pas, monsieur Rabourdet ?

Et elle lui adressa un regard si perfidement alangui que le pauvre Démosthènes en fut tout à fait bouleversé.

— Il se peut cependant, reprit-elle négligemment, que d’ici à huit jours je mette à l’épreuve ce grand dévouement.