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Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/298

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les forçats du mariage

mière phase, il était presque assoupi, ainsi qu’un amant ennuyé, qui n’attend que le prétexte de la rupture.

Les menaces d’Étienne avaient donné le coup de grâce à cet amour sur le déclin.

Juliette tomba mourante sur la poitrine de son amant.

— Ah ! enfin ! s’écria-t-elle dès qu’elle put parler ; je m’appartiens, je puis penser à haute voix : car mentir, toujours mentir, tromper, se cacher, cela est affreux, vois-tu. Depuis deux jours, il n’est pas un de mes regards, pas une de mes paroles qui ne soient un mensonge, une dissimulation. C’est là un supplice horrible. Je n’y tiendrais pas. Vingt fois par jour j’ai été sur le point de lui crier : « Eh bien ! oui, Robert est mon amant ; et je l’aime uniquement, follement. »

Elle lui conta ce qui s’était passé.

Elle parlait impétueusement, se grisant de ses paroles.

— Que faire ? mon Dieu ! que faire ? Partir avec Étienne, je ne le puis pas, je ne le veux pas.

— Ma chère enfant, dit Robert qui s’était levé et marchait lentement dans la chambre, tu me demandes sérieusement ce qu’il faut faire ! Eh bien ! tu n’as qu’un parti à prendre.

— Lequel ? demanda Juliette anxieuse.

— Écoute-moi d’abord. Je ne suis pas un moraliste, je ne pose pas pour cela, tu le sais bien. Mon