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Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/307

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les forçats du mariage

Elle se traînait à ses genoux, appuyait contre lui sa belle tête éplorée, lui baisait ardemment les mains. Abandonnée par son amant, abandonnée par son mari, elle était réellement éperdue.

Pauvre Étienne ! il avait souhaité des preuves ; il les avait cherchées avec une ardeur presque sauvage.

Maintenant qu’il savait, il eût voulu douter encore. Une affection comme la sienne ne pouvait se briser en un jour. Mille attaches le retenaient invinciblement à cette femme, toute méprisable qu’elle fût.

Enfin, l’excitation de la jalousie ravivait encore cette flamme mal éteinte. Il se sentait engourdir par ses caresses, comme au contact d’une torpille.

Il ne pouvait s’éloigner, sa volonté faiblissait, sa colère tombait peu à peu. Cependant, s’il pardonnait, c’en était fait de lui à jamais. Il eut peur ; et se roidissant tout à coup contre cette langueur qui l’énervait, il s’arracha des bras de Juliette et s’enfuit.

Juliette roula sur le parquet, comme une masse inerte.


XXXII


Marcelle, le cœur oppressé par la crainte d’un malheur, était repartie pour la campagne, où elle avait laissé son enfant. Robert d’ailleurs avait pro-