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les forçats du mariage


XXXIII


Quand Juliette reprit ses sens, elle avait une sorte de fièvre folle. Pendant plusieurs jours, ainsi qu’après le premier abandon de Robert, sa vie fut en danger.

Étienne alors ne vit plus en elle qu’une femme qu’il avait aimée, qu’une créature malheureuse, qui réclamait ses soins. Oubliant tout grief, il s’établit à son chevet. Lui qui avait voulu la tuer, il tremblait à présent, en découvrant sur ses traits les symptômes de la mort.

Maintenant que la maladie lui enlevait sa beauté, que la jalousie parlait moins impérieusement, et que les sens étaient apaisés, il l’excusait presque. Toutefois, quand le médecin la déclara hors de danger, sa compassion diminua en même temps que ses craintes. Mais il ne la quitterait qu’après son complet rétablissement.

Lorsque Juliette recouvra toute sa connaissance, ressaisit la réalité, et vit, penché sur elle, le doux visage d’Étienne, elle se leva sur son séant, et regarda son mari avec des yeux hagards.

— Vous ici ! s’écria-t-elle. Ah ! vous me pardonnez donc ?

— Pour le moment, laissons le passé, répondit-