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Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/347

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les forçats du mariage

geries de Jocko, il ne put s’empêcher de rire et de rougir à la fois.

— Je gage que c’est une lettre d’Annette, s’écria Robert. Il te la voit lire tous les jours, et sans doute qu’en la lisant, tu te sers d’un mouchoir.

— Ce singe est affreux, il suivra le perroquet, dit Pierre, qui fit le geste de le frapper.

Le singe s’enfuit, laissant tomber la lettre.

Robert la ramassa. C’était une lettre de Pierrot, si usée, à force d’avoir été tenue et embrassée peut-être, que les mots en étaient illisibles. Robert la lut.

« Mon cher papa,

» Si tu voyais ton petit Pierrot, tu ne le reconnaîtrais pas. On dit que j’ai l’air si raisonnable que je ressemble à un petit homme.

» Depuis que je ne te vois plus, je n’ai plus envie de rire ni de jouer, et maman pleure bien souvent.

» Quand je lui demande pourquoi nous avons quitté le bel atelier où l’on s’amusait, où il y avait des confitures et des joujoux, où il y avait petit père surtout qui nous aimait tant, elle ne me répond pas, elle pleure encore plus fort. Elle me dit : Sois bien sage, et nous y retournerons.

» Mais voilà très-longtemps que je suis bien sage, petit père, je t’assure. Si c’est toi qui nous as mis en pénitence, nous méritons bien d’en sortir.

» Ton petit Pierrot t’embrasse à la pincette sur les deux joues et sur les œils. Si tu ne veux pas que