Aller au contenu

Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/355

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
349
les forçats du mariage

source, jouer encore. J’ai donc engagé vos diamants, que je comptais pouvoir racheter, et je suis parti pour Bade. J’ai tout perdu, et si vous ne me venez en aide…

» Qu’allais-je écrire ? Un mot qui vous eût bouleversée…

» Je connais, ma chère femme, votre générosité. Je sais qu’il suffit de vous exposer mon embarras, et que vous ferez l’impossible pour venir à mon secours, quels que soient mes torts envers vous.

» Ne vendez pas vos beaux bijoux. Engagez-les seulement ; je suis sûr, dans huit jours, de pouvoir les racheter.

» Merci encore. Je baise humblement vos pieds, ma divine Marcelle, ma seule consolation. Ce que je n’oserais plus vous dire, je vous l’écris encore. Tu es, je te le jure, la seule femme que j’aie réellement aimée, la seule à qui je puisse confier mes faiblesses, parce que tu es la seule assez bonne, assez aimante pour les excuser.          « Ton Robert. »

Quand Marcelle reçut cette lettre, elle resta un instant stupéfiée. Cet homme, autrefois placé si haut dans son esprit, cet homme dérobait des diamants comme un voleur ; et il s’humiliait, et il mentait pour obtenir, non pas son pardon, mais de l’argent. Elle se demanda avec une sorte de terreur s’il ne pourrait descendre plus bas encore.

Pendant qu’elle songeait, son fils vint la tirer