Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/383

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
377
les forçats du mariage

j’ai tort d’écrire cela. D’abord ce ne sont peut-être que des chimères, que se forge mon esprit inquiet, dans la solitude absolue où je vis depuis votre départ. Auriez-vous quelque projet, quelque affection, que sais-je ? Mon Dieu ! je suis folle. Pardonnez-moi.

» Vous êtes si bon ! j’en abuse pour vous tourmenter. Non, il n’y a rien, n’est-ce pas ? Vous m’aimez toujours comme votre meilleure amie, et vous ne m’abandonnerez pas. Vous viendrez à Roscoff. Je le veux, je le veux, je le veux.

» Vous m’avez tant gâtée depuis six ans que je ne mets plus de bornes à mes exigences. C’est votre faute.

» D’ailleurs, que deviendrait mon Charlot sans sa petite Juana ? Il la réclame tous les jours. C’est au point que j’en ai des impatiences. Cependant Juana me manque aussi.

» Une idée qui me bouleverse, parce que je connais votre excessive délicatesse : auriez-vous entendu quelque propos sur notre intimité ?

» Mais vous savez mes sentiments à ce sujet : Quand on est fort de sa conscience et de son droit, il faut mépriser ce monde injuste et corrompu, ce monde si tolérant pour ceux qui se soumettent hypocritement à ses lois, et si sévère envers ceux qui marchent loyalement devant eux, sans se soucier de ses calomnies.

» D’ailleurs là-bas, à Roscoff, nous serons heu-