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Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/385

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les forçats du mariage

Elle nourrit des monstres.

Les pieuvres y sont colossales ; les crabes, effrayants.

Le cap est dans l’eau.

Partout la lame bat ce grand corps dénudé et le lave.

Partout aussi le roc surgit du flot, et semble repousser l’Océan.

Et puis, au milieu de cette nature grandiose, âpre, austère, des îles verdoyantes, des baies calmes et chaudes, qui font rêver aux sites colorés de la côte napolitaine ; des cimes de rochers enguirlandées de lierres et de lianes, ouvrant aux amours, dans leurs flancs creusés par la vague, des nids frais et charmants, d’où l’on entend le flot soupirer sur les grèves.

Enfin le gulf-stream y promène son eau tiède, et y nourrit toute une flore terrestre et marine, dont les grâces délicates, les senteurs, les formes exotiques, la luxuriante végétation, jettent un peu de lumière et de sérénité, comme un sourire, dans ce paysage sombre et tourmenté.

C’est là que Marcelle vint s’établir avec son fils et avec Lucette, qu’elle avait consenti à reprendre auprès d’elle, malgré sa faute.

À la suite de son procès, la pauvre Lucette, malade et incapable de gagner sa vie, était tombée dans une profonde misère. Bassou, en prison, avait