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les forçats du mariage

posé à devenir meilleur ? Eh bien ! mon enfant, la plus belle et la plus terrible vengeance que l’on puisse tirer du méchant, c’est le pardon et la bonté.

— Pourtant, je t’assure, mère, qu’on ne peut pas toujours être bon. Quand on nous frappe, encore passe ; mais quand on nous manque de respect…

— Qui donc vous aurait manqué de respect, monsieur Charlot ? dit en souriant Marcelle.

— D’abord, qu’est-ce que des bâtards ? demanda l’enfant.

— Pourquoi cette question ?

— C’est qu’aujourd’hui, sur la plage, j’ai entendu une femme qui disait, en nous voyant passer : « Ce sont les petits bâtards, les enfants de cette femme blonde que vous voyez là-bas avec ce monsieur noir. » Alors j’ai demandé au petit pêcheur qui nous ramassait des coquillages ce que c’était que des bâtards. Il m’a répondu : « Ce sont des enfants qu’on méprise, parce que leurs parents ne sont pas mariés ; » et il m’a demandé à son tour si tu étais mariée avec le monsieur noir.

— Et qu’as-tu répondu ? reprit Marcelle troublée.

— J’ai dit que je connaissais bien papa, que ce n’était pas M. Moriceau. Alors il a eu un vilain rire qui m’a mis très-fort en colère, et je n’ai plus voulu répondre à ses questions ni à celles de cette vilaine femme qui était venue nous rejoindre.