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Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/65

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les forçats du mariage

sur lequel se tordaient des boucles rétives, accusaient une de ces organisations chez lesquelles la passion impétueuse domine la tendresse et le sentiment du devoir ; une de ces organisations qui, entravées, peuvent devenir perverses, cruelles même.

Voici quelle fut l’enfance de cette splendide personne qui semblait faite pour les bonheurs comme pour les douleurs les plus âcres.

Son père, M. Delormel, avait épousé à cinquante ans une très-belle femme, qu’il adorait.

Mariée fort jeune, contre son gré, à un homme mûr qu’elle n’aimait point, ardente comme Juliette et jetée dans ce monde parisien de mœurs si faciles, Mme Delormel partagea l’amour d’un jeune homme vivement épris.

Après cinq ans de mariage, M. Delormel découvrit que sa femme le trompait. Il ne pardonna point. Il exigea une séparation amiable, et fit une pension à la coupable, à la condition qu’elle lui laisserait Juliette.

Mais, dès ce moment, cette enfant qu’il avait aimée avec l’idolâtrie qu’apportent les vieillards dans le sentiment paternel, lui devint odieuse. Il doutait de sa paternité.

Comme elle ressemblait à sa mère, et lui rappelait d’horribles souffrances, il ne put supporter sa vue, et il la mit au couvent. La pauvre enfant n’avait que quatre ans.