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Page:Marie de Compiègne - L’évangile aux femmes.djvu/20

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At ille stultus, dum vult vocem ostendere,
Emisit ore caseum, quem celeriter
Dolosa Vulpes avidis rapuit dentibus.
Tum demum ingemuit Corvi deceptus stupor.
Hac re probatur quantum ingenium valet ;
Virtute semper prœvalet sapientia.
[1]

D’UN CORBEL QUI PRIST UN FROMAIGE[2].



Ensi avint, e bien puet estre,
Ke par devant une fenestre,
Ki en une despense feu,
Vola un Corb ; si a veü
Furmaiges qui dedens esteient ;
Et seür une cloie giseient ;
L’un en a pris, si s’en reva.
Un Vorpilx (Renard) vint, si l’encuntra,
Dou fourmage ot grant desirier
Que il en puist sa part mengier.
Par engin (ruse) volra essaier
Si le Corb purra engingnier (tromper).
« Ha ! Diex sire ! (Seigneur Dieu !) fit li Gorpix,
« Cum ist or (certes) cest oisiaus gentix !
« El munde n’a si bel oisel ;
« Unc (jamais) de mes elx (yeux) ne vi si bel.
« Fust tieus ses chans cum est ses cors (si son chant était tel

[que son corps).
« Il vaurait miex que nuls fins ors. »

Li Corbs s’oï si bien loer,
Qu’en tot le munde n’ot sun per (son pareil) ;
Purpensez s’est (il s’est imaginé) qu’il cantera,
Pur canter sun los ne perdra ;
Sun bec uvri, si cummença ;

  1. La fable de Phèdre a deux morales, l’une au commencement, l’autre à la fin ; celle de Marie n’en a qu’une, à la fin, laquelle se rapporte plutôt aux deux premiers vers de Phèdre.
  2. Dans le manuscrit du président Fauchet, on lit : Li parole du Coc et du Gorpil, et ailleurs : Dou Corbel e d’un Werpil. Je dois prévenir du reste que je prends le texte tel qu’il est dans l’édition Roquefort, avec ses incohérences d’orthographe, et la combinaison des divers manuscrits familière à l’éditeur.