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Page:Marillier - La Sensibilité et l’Imagination chez George Sand, 1896.djvu/114

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créés, et elle a subi la domination des sentiments et des pensées dont elle les avait elle-même doués. À mesure qu’elle prenait d’elle-même une plus claire conscience et se soustrayait à l’influence de ses personnages, dont elle avait trouvé dans ses lectures les types originaux, sa conception de l’amour changeait, et elle en arrivait à la fin de sa vie à créer cette figure étrange du marquis de Salcède (Flamarande), qui, pour épargner un chagrin à celle qu’il a désirée une heure, tue en lui jusqu’au désir qu’elle soit jamais sienne ; il l’adore en silence, chastement et saintement, après lui avoir sacrifié sa jeunesse et toutes ses espérances d’homme. Cette fois, c’est l’âme même de George Sand qui anime le personnage qu’elle a imaginé, c’est sa voix qu’on entend dire toutes ces phrases héroïques et douces qu’elle a mises dans la bouche du beau marquis aux yeux noirs et aux cheveux d’argent.