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Page:Marillier - La Sensibilité et l’Imagination chez George Sand, 1896.djvu/18

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dissoluble mariage. Aussi cette nature est-elle toute pénétrée et comme attendrie d’humanité. Elle porte en elle une âme presque humaine, l’âme qu’ont déposée dans les sillons les laboureurs d’autrefois ; nul pays qui attache et séduise davantage que cette haute vallée de l’Indre en sa médiocre beauté.

C’est au milieu seulement de ces prairies et de ces champs, amis des hommes, que pouvait grandir le génie de George Sand, ce génie fait de bonté féconde et de passionnée tendresse. Il fallait à ces yeux rêveurs ces longs plateaux ondulés où passent dans la brume du soir les visions étranges qu’évoque la terreur des bergers ; il fallait à cet esprit, hanté d’images, ces longues lignes fuyantes aux contours indécis, ces vastes horizons bleus où s’atténue l’éclat du soleil, cette campagne mystérieuse, coupée de haies fleuries, ces chemins qui se perdent dans la lande ou finissent brusquement à un coude de la rivière.