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Page:Marillier - La Sensibilité et l’Imagination chez George Sand, 1896.djvu/56

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Si courte qu’elle ait été, cette période de désespoir que George Sand avait traversée pendant ces mois de solitude dans la maison muette de Nohant marqua son esprit d’une ineffaçable empreinte. Les déceptions cruelles que lui avaient apportées le mariage et l’amour ne suffiraient point à expliquer l’étrange poème de Lélia. Elle n’avait point, au reste, au moment où parut son livre, passé par la plus douloureuse épreuve qu’il lui ait fallu subir et, deux mois après qu’il eut été publié, elle en venait même à écrire : « J’ai blasphêmé la nature et Dieu peut-être dans Lélia ; Dieu, qui n’est pas méchant et qui n’a que faire de se venger de nous, m’a fermé la bouche en me rendant la jeunesse du cœur et en me forçant d’avouer qu’il a mis en nous des joies sublimes. » (Arvède Barine, Alfred de Musset, p. 59.) Les raisons qu’elle donne dans l’Histoire de ma vie de cette désespérance qui lui