Aller au contenu

Page:Marillier - La Sensibilité et l’Imagination chez George Sand, 1896.djvu/74

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

les chanvreurs broyaient le chanvre près de la porte du cimetière. Quelles terribles histoires se disaient là ! Quelles sombres histoires de mort, tandis que la lune éclairait de sa lueur pâlissante et troublée les grands ormes de la place et les tombes couvertes d’herbe haute !

Lorsqu’elle revint du couvent, la jeune fille se laissa gagner plus complètement encore au charme infini qui sort des prairies et des brandes ; elle comprit l’étrange beauté de la nature hivernale, alors que le soleil, rayonnant doucement dans le bleu fin du ciel, jette sur les vastes plaines, toutes vertes du blé naissant, « ses grandes flammes d’émeraude. » Elle avait du reste porté à Paris ce sentiment vif de la caressante splendeur de la lumière, de la joie très douce qui descend du ciel nocturne, et les heures les plus heureuses peut-être qu’elle passa au couvent, ce furent celles où elle écoutait, de la fenêtre étroite de sa cellule, les rossignols