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Page:Maupassant - Au soleil, OC, Conard, 1908.djvu/282

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Une heure plus tard, assis tous deux devant sa porte, nous parlions de ce pays désolé qui saisit l'âme, quand un petit Breton, un enfant, passa devant nous, nu-pieds, secouant au vent ses longs cheveux blonds.

Le curé l'appela dans sa langue maternelle, et le gamin s'en vint, devenu timide tout à coup, les yeux baissés et les mains inertes.

- Il va vous réciter son cantique, me dit le prêtre ; c'est un gaillard doué d'une grande mémoire et dont j'espère tirer quelque chose.

Et l'enfant se mit à bredouiller des paroles inconnues, sur ce ton geignant des petites filles qui répètent leur fable. Il allait sans point ni virgule, déroulant les syllabes comme si le morceau tout entier n'eût formé qu'un mot, s'arrêtant une seconde pour respirer, puis reprenant son chuchotement précipité.

Tout à coup, il se tut. C'était fini. Le curé lui caressa la joue d'une petite tape.

- C'est bien, va-t'en.

Et le polisson se sauva. Alors mon hôte ajouta :

- Il vient de vous dire un vieux cantique de ce pays-ci !