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Page:Maupassant - Boule de suif.djvu/122

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niche ». Et elle savait vouloir en tout, de jour comme de nuit, d’une façon qui forçait les résistances.

Elle ne se fâchait pas ; elle ne faisait point de scènes ; elle ne criait jamais ; elle n’avait jamais l’air irrité ou blessé, ou même froissé. Elle savait parler, voilà tout, et elle parlait à propos, d’un ton qui n’admettait point de réplique.

Plus d’une fois Simon faillit hésiter ; mais devant les désirs impérieux et brefs de cette singulière femme, il finissait toujours par céder.

Cependant comme il trouvait monotones et maigres les baisers conjugaux, et comme il avait en poche de quoi s’en offrir de plus gros, il s’en paya bientôt à satiété, mais avec mille précautions.

Mme Bombard s’en aperçut, sans qu’il devinât à quoi ; et elle lui annonça un soir qu’elle avait loué une maison à Mantes où ils habiteraient dans l’avenir.

L’existence devint plus dure. Il essaya des distractions diverses qui n’arrivaient point à compenser le besoin de conquêtes féminines qu’il avait au cœur.

Il pêcha à la ligne, sut distinguer les fonds qu’aime le goujon, ceux que préfère la carpe ou le gardon, les rives favorites de la brême et les diverses amorces qui tentent les divers poissons.

Mais en regardant son flotteur trembloter au fil de l’eau, d’autres visions hantaient son esprit.

Il devint l’ami du chef de bureau de la sous-préfecture et du capitaine de gendarmerie ; et ils jouèrent au whist, le soir, au café du Commerce, mais son œil triste déshabillait la reine de trèfle ou la dame de carreau, tandis que