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Page:Maupassant - Clair de lune, 1905.djvu/57

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le loup

panique courut par toute la province. Personne n’osait plus sortir dès que tombait le soir. Les ténèbres semblaient hantées par l’image de cette bête…

Les frères d’Arville résolurent de la trouver et de la tuer, et ils convièrent à de grandes chasses tous les gentilshommes du pays.

Ce fut en vain. On avait beau battre les forêts, fouiller les buissons, on ne le rencontrait jamais. On tuait des loups, mais pas celui-là. Et, chaque nuit qui suivait la battue, l’animal, comme pour se venger, attaquait quelque voyageur ou dévorait quelque bétail, toujours loin du lieu où on l’avait cherché.

Une nuit enfin, il pénétra dans l’étable aux porcs du château d’Arville et mangea les deux plus beaux élèves.

Les deux frères furent enflammés de colère, considérant cette attaque comme une bravade du monstre, une injure directe, un défi. Ils prirent tous leurs forts limiers habitués à poursuivre les bêtes redoutables, et ils se mirent en chasse, le cœur soulevé de fureur.

Depuis l’aurore jusqu’à l’heure où le soleil