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Page:Maupassant - Conte de la bécasse, 1906.djvu/191

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un normand

fallu r’venir au cidre. Mais v’là que d’fraîcheur en chaleur et d’chaleur en fraîcheur, j’m’aperçois que j’suis dans les quatre-vingt-dix. Polyte était pas loin du mètre.

La porte s’ouvrit. Mélie parut, et tout de suite avant de nous avoir dit bonjour : « … Crès cochon, vous aviez bien l’mètre tous les deux. »

Alors Mathieu se fâcha : « Dis pas ça, Mélie, dis pas ça ; j’ai jamais été au mètre. »

On nous fit un déjeuner exquis, devant la porte, sous deux tilleuls, à côté de la petite chapelle de « Notre-Dame du Gros-Ventre » et en face de l’immense paysage. Et Mathieu nous raconta, avec raillerie mêlée de crédulité inattendue, d’invraisemblables histoires de miracles.

Nous avions bu beaucoup de cidre adorable, piquant et sucré, frais et grisant, qu’il préférait à tous les liquides, et nous fumions nos pipes, à cheval sur nos chaises, quand deux bonnes femmes se présentèrent.

Elles étaient vieilles, sèches, courbées. Après avoir salué, elles demandèrent saint Blanc. Mathieu cligna de l’œil vers nous et répondit :

— J’vas vous donner ça.