Page:Maupassant - Conte de la bécasse, 1906.djvu/208

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
198
le testament

sommes sortis ensemble. J’étais, certes, aux trois quarts fou.

Deux jours plus tard M. de Bourneval tuait en duel M. de Courcils. Mes frères, par crainte d’un affreux scandale, se sont tus. Je leur ai cédé et ils ont accepté la moitié de la fortune laissée par ma mère.

J’ai pris le nom de mon père véritable, renonçant à celui que la loi me donnait et qui n’était pas le mien.

M. de Bourneval est mort depuis cinq ans. Je ne suis point encore consolé.

Il se leva, fit quelques pas, et, se plaçant en face de moi : « Eh bien ! je dis que le testament de ma mère est une des choses les plus belles, les plus loyales, les plus grandes qu’une femme puisse accomplir. N’est-ce pas votre avis ? »

Je lui tendis les deux mains : « Oui, certainement, mon ami. »