Aller au contenu

Page:Maupassant - Conte de la bécasse, 1906.djvu/237

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
227
un coq chanta

cheval qui bondissait, et, perdant patience : « Mais sacristi ! Madame, cela ne se pourra pas si nous restons ici. »

Puis elle lui parlait tendrement, posant la main sur son bras, ou flattant, comme par distraction, la crinière de son cheval.

Et elle lui jetait, en riant : « Il faut que cela soit, pourtant… ou alors… tant pis pour vous. »

Puis ils tournèrent à droite dans un petit chemin couvert, et soudain, pour éviter une branche qui barrait la route, elle se pencha sur lui, si près qu’il sentit sur son cou le chatouillement des cheveux. Alors brutalement il l’enlaça, et, appuyant sur la tempe ses grandes moustaches, il la baisa d’un baiser furieux.

Elle ne remua point d’abord, restant ainsi sous cette caresse emportée ; puis, d’une secousse, elle tourna la tête, et, soit hasard, soit volonté, ses petites lèvres à elle rencontrèrent ses lèvres à lui, sous leur cascade de poils blonds.

Alors, soit confusion, soit remords, elle cingla le flanc de son cheval, qui partit au grand galop. Ils allèrent ainsi longtemps, sans échanger même un regard.