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Page:Maupassant - Conte de la bécasse, 1906.djvu/253

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un fils

pour moi un remords incessant, plus que cela, c’est un doute continuel, une inapaisable incertitude qui, parfois, me torture horriblement.

À l’âge de vingt-cinq ans j’avais entrepris avec un de mes amis, aujourd’hui conseiller d’État, un voyage en Bretagne, à pied.

Après quinze ou vingt jours de marche forcenée, après avoir visité les Côtes-du-Nord et une partie du Finistère, nous arrivions à Douarnenez ; de là, en une étape, on gagna la sauvage pointe du Raz par la baie des Trépassés, et on coucha dans un village quelconque dont le nom finissait en of ; mais, le matin venu, une fatigue étrange retint au lit mon camarade. Je dis au lit par habitude, car notre couche se composait simplement de deux bottes de paille.

Impossible d’être malade en ce lieu. Je le forçai donc à se lever, et nous parvînmes à Audierne vers quatre ou cinq heures du soir.

Le lendemain, il allait un peu mieux ; on repartit ; mais, en route, il fut pris de malaises intolérables, et c’est à grand’peine que nous pûmes atteindre Pont-Labbé.

Là, au moins, nous avions une auberge. Mon