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Page:Maupassant - Conte de la bécasse, 1906.djvu/299

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walter schnaffs

Soudain quelque chose remua contre lui. Il eut un sursaut épouvantable. C’était un petit oiseau qui, s’étant posé sur une branche, agitait des feuilles mortes. Pendant près d’une heure, le cœur de Walter Schnaffs en battit à grands coups pressés.

La nuit venait, emplissant d’ombre le ravin. Et le soldat se mit à songer. Qu’allait-il faire ? Qu’allait-il devenir ? Rejoindre son armée ?… Mais comment ? Mais par où ? Et il lui faudrait recommencer l’horrible vie d’angoisses, d’épouvantes, de fatigues et de souffrances qu’il menait depuis le commencement de la guerre ! Non ! Il ne se sentait plus ce courage ? Il n’aurait plus l’énergie qu’il fallait pour supporter les marches et affronter les dangers de toutes les minutes.

Mais que faire ? Il ne pouvait rester dans ce ravin et s’y cacher jusqu’à la fin des hostilités. Non, certes. S’il n’avait pas fallu manger, cette perspective ne l’aurait pas trop atterré ; mais il fallait manger, manger tous les jours.

Et il se trouvait ainsi tout seul, en armes, en uniforme, sur le territoire ennemi, loin de ceux qui le pouvaient défendre. Des frissons lui couraient sur la peau.