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Page:Maupassant - Conte de la bécasse, 1906.djvu/33

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ce cochon de morin

ce cochon de Morin le décida, et nous acceptâmes l’invitation.

L’oncle se leva radieux, appela sa nièce, et nous proposa une promenade dans sa propriété, en proclamant : « À ce soir les affaires sérieuses. »

Rivet et lui se mirent à parler politique. Quant à moi, je me trouvai bientôt à quelques pas en arrière, à côté de la jeune fille. Elle était vraiment charmante, charmante !

Avec des précautions infinies, je commençai à lui parler de son aventure pour tâcher de m’en faire une alliée.

Mais elle ne parut pas confuse le moins du monde ; elle m’écoutait de l’air d’une personne qui s’amuse beaucoup.

Je lui disais : « Songez donc, Mademoiselle, à tous les ennuis que vous aurez. Il vous faudra comparaître devant le tribunal, affronter les regards malicieux, parler en face de tout ce monde, raconter publiquement cette triste scène du wagon. Voyons, entre nous, n’auriez-vous pas mieux fait de ne rien dire, de remettre à sa place ce polisson sans appeler les employés ; et de changer simplement de voiture ? »