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Page:Maupassant - Conte de la bécasse, 1906.djvu/42

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ce cochon de morin

j’avais pu commettre, quand on heurta doucement ma porte.

Je demandai : « Qui est là ? »

Une voix légère répondit : « Moi. ».

Je me vêtis à la hâte ; j’ouvris ; elle entra. « J’ai oublié, dit-elle, de vous demander ce que vous prenez le matin : du chocolat, du thé, ou du café ? »

Je l’avais enlacée impétueusement, la dévorant de caresses, bégayant : « Je prends… je prends… je prends… » Mais elle me glissa entre les bras, souffla ma lumière, et disparut.

Je restai seul, furieux, dans l’obscurité, cherchant des allumettes, n’en trouvant pas. J’en découvris enfin et je sortis dans le corridor, à moitié fou, mon bougeoir à la main.

Qu’allais-je faire ? Je ne raisonnais plus ; je voulais la trouver ; je la voulais. Et je fis quelques pas sans réfléchir à rien. Puis, je pensai brusquement : « Mais si j’entre chez l’oncle ? que dirais-je ?… » Et je demeurai immobile, le cerveau vide, le cœur battant. Au bout de plusieurs secondes, la réponse me vint : « Parbleu ! je dirai que je cherchais la chambre de Rivet pour lui parler d’une chose urgente. »