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Page:Maupassant - Conte de la bécasse, 1906.djvu/45

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ce cochon de morin

bien arrangé cette affaire-là pendant toute mon existence.

Dans le wagon, après les énergiques et muettes poignées de main des adieux, je dis à Rivet : « Tu n’es qu’une brute. » Il répondit : « Mon petit, tu commençais à m’agacer bougrement. »

En arrivant aux bureaux du Fanal, j’aperçus une foule qui nous attendait… On cria, dès qu’on nous vit : « Eh bien, avez-vous arrangé l’affaire de ce cochon de Morin ? »

Tout La Rochelle en était troublé. Rivet, dont la mauvaise humeur s’était dissipée en route, eut grand’peine à ne pas rire en déclarant : « Oui, c’est fait, grâce à Labarbe. »

Et nous allâmes chez Morin.

Il était étendu dans un fauteuil, avec des sinapismes aux jambes et des compresses d’eau froide sur le crâne, défaillant d’angoisse. Et il toussait sans cesse, d’une petite toux d’agonisant, sans qu’on sût d’où lui était venu ce rhume. Sa femme le regardait avec des yeux de tigresse prête à le dévorer.

Dès qu’il nous aperçut, il eut un tremblement qui lui secouait les poignets et les genoux. Je