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Page:Maupassant - Conte de la bécasse, 1906.djvu/47

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ce cochon de morin

versait comme un coup d’épée chaque fois qu’il l’entendait.

Quand un voyou dans la rue criait : « Cochon », il retournait la tête par instinct. Ses amis le criblaient de plaisanteries horribles, lui demandant, chaque fois qu’ils mangeaient du jambon : « Est-ce du tien ? »

Il mourut deux ans plus tard.

Quant à moi, me présentant à la députation, en 1875, j’allai faire une visite intéressée au nouveau notaire de Tousserre, Me Belloncle. Une grande femme opulente et belle me reçut.

— Vous ne me reconnaissez pas ? dit-elle.

Je balbutiai : — Mais…… non…… Madame.

— Henriette Bonnel.

— Ah ! — Et je me sentis devenir pâle.

Elle semblait parfaitement à son aise, et souriait en me regardant.

Dès qu’elle m’eut laissé seul avec son mari, il me prit les mains, les serrant à les broyer : « Voici longtemps, cher monsieur, que je veux aller vous voir. Ma femme m’a tant parlé de vous. Je sais…… oui, je sais en quelle circonstance douloureuse vous l’avez connue, je sais