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Page:Maupassant - Conte de la bécasse, 1906.djvu/54

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la folle

Elle tourna vers lui ses yeux vagues, ses yeux vides, et ne répondit pas.

Il reprit :

— Che ne tolérerai bas d’insolence. Si fous ne fous levez bas de ponne volonté, che trouverai pien un moyen de fous faire bromener tout seule.

Elle ne fit pas un geste, toujours immobile comme si elle ne l’eût pas vu.

Il rageait, prenant ce silence calme pour une marque de mépris suprême. Et il ajouta :

— Si vous n’êtes pas tescentue temain…

Puis, il sortit.

Le lendemain, la vieille bonne, éperdue, la voulut habiller ; mais la folle se mit à hurler en se débattant. L’officier monta bien vite ; et la servante, se jetant à ses genoux, cria :

— Elle ne veut pas, Monsieur, elle ne veut pas. Pardonnez-lui ; elle est si malheureuse.

Le soldat restait embarrassé, n’osant, malgré sa colère, la faire tirer du lit par ses hommes. Mais soudain il se mit à rire et donna des ordres en allemand.

Et bientôt on vit sortir un détachement qui sou-