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Page:Maupassant - Contes de la bécasse, 1894.djvu/196

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d’un conseil judiciaire, qu’une séparation de biens avait été prononcée au profit de ma mère, qui avait conservé, grâce aux artifices de la loi et au dévouement intelligent d’un notaire, le droit de tester à sa guise.

Nous fûmes donc prévenus qu’un testament existait chez ce notaire, et invités à assister à la lecture.

Je me rappelle cela comme d’hier. Ce fut une scène grandiose, dramatique, burlesque, surprenante, amenée par la révolte posthume de cette morte, par ce cri de liberté, cette revendication du fond de la tombe de cette martyre écrasée par nos mœurs durant sa vie, et qui jetait, de son cercueil clos, un appel désespéré vers l’indépendance.

Celui qui se croyait mon père, un gros homme sanguin éveillant l’idée d’un boucher, et mes frères, deux forts garçons de vingt et de vingt-deux ans, attendaient