Page:Maupassant - Contes de la bécasse, 1894.djvu/239

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sant d’un germe comme nous, mortels comme nous, et qui seront remplacés par d’autres êtres de même essence, comme nous toujours ! »

Puis, planté devant l’ébénier radieux dont les parfums vivifiants se détachaient à tous les frissons de l’air, M. le sénateur ajouta : « Ah ! mon gaillard, s’il te fallait faire le compte de tes enfants, tu serais bigrement embarrassé. En voilà un qui les exécute facilement et qui les lâche sans remords, et qui ne s’en inquiète guère. »

L’académicien ajouta : « Nous en faisons autant, mon ami. »

Le sénateur reprit : « Oui, je ne le nie pas, nous les lâchons quelquefois, mais nous le savons au moins, et cela constitue notre supériorité. »

Mais l’autre secoua la tête : « Non, ce n’est pas là ce que je veux dire ; voyez-vous, mon cher, il n’est guère d’homme qui ne possède des enfants ignorés, ces enfants dits