Aller au contenu

Page:Maupassant - Contes de la bécasse, 1894.djvu/253

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Alors mon cœur se mit à battre à coups pressés. Je ne pouvais plus parler tant je me sentais suffoqué ; et je regardais cette brute dont les grands cheveux jaunes semblaient un fumier plus sordide que celui des bêtes ; et le gueux, gêné par mon regard, cessait de rire, détournait la tête, cherchait à s’en aller.

Tout le jour j’errai le long de la petite rivière, en réfléchissant douloureusement. Mais à quoi bon réfléchir ? Rien ne pouvait me fixer. Pendant des heures et des heures je pesais toutes les raisons bonnes ou mauvaises pour ou contre mes chances de paternité, m’énervant en des suppositions inextricables, pour revenir sans cesse à la même horrible incertitude, puis à la conviction plus atroce encore que cet homme était mon fils.

Je ne pus dîner et je me retirai dans ma chambre. Je fus longtemps sans parvenir à dormir ; puis le sommeil vint, un sommeil